Nous autres militants de
la Fédération anarchiste de France voulons d’abord remercier le Congrès
national indigène et l’Armée zapatiste de libération nationale
pour ce premier Festival mondial anticapitaliste. Remerciements,
aussi, aux communautés de San Francisco Xochicuautla et de Monclova
pour l’hospitalité.
Nous autres anarchistes
de la Fédération anarchiste luttons contre le capitalisme et contre
tous les États de tout type pour construire une société de liberté
et de bien vivre, fondée sur la solidarité, l’entraide et
l’autonomie collective. Actuellement en France, nous luttons contre
les violences policières après la mort de notre camarade Rémi
Fraisse, assassiné par la gendarmerie le 26 octobre 2014 dans le sud
de la France. Nous luttons aussi contre la destruction des droits des
travailleurs organisée par un gouvernement prétendu socialiste et
contre les grands projets inutiles qui, comme les aéroports ou les
barrages, détruisent la nature. Dans ce combat social, nous devons
également affronter le terrible développement de l’extrême
droite et des fascismes, en France et en Europe, ses idées et ses
pratiques violentes à l’encontre des migrants et des militants du
mouvement social.
Si la Fédération anarchiste de France est présente ici, à ce premier Festival mondial des résistances et des rébellions contre le capitalisme, c'est parce que les luttes
indigènes du Mexique sont, pour nous, très importantes. Elles montrent la
viabilité de l’autonomie et de l’auto-organisation des luttes
dans le combat global contre le monde de dépossession,
d’exploitation et de violence du capital. Elles sont aussi
importantes pour l’élaboration permanente de notre pensée
anarchiste, qui se doit d’être une pensée en mouvement, ouverte
aux autres formes de lutte, aux autres cultures et cosmovisions.
Aujourd’hui, un grand
espoir vient des peuples du Mexique en résistance. Merci, donc, à
tous et à toutes pour vos luttes, et vive la révolution sociale !
Le voyage jusqu’à la
communauté de Monclova, dans l’État de Campeche, a été long et
difficile. Mais, finalement, nous arrivons à bon port, le dimanche
28 décembre 2014, à 20 heures, après plus de trente-deux heures de
bus (au lieu de seize), une série de pannes, de longues attentes et
de changements de véhicules. À notre arrivée, comme pour nous
réveiller de cet interminable voyage sur les routes du Mexique, une
pluie violente s’abat sur la communauté, et nous devons nous
réfugier, précipitamment, sous une vaste structure de tôle et de
béton envahie par les dizaines de duvets et de sacs à dos de ceux
qui, déjà arrivés, s’apprêtent à dormir. Du fait de ces
retards conséquents, les passagers des bus 6 et 7 – dont je fais
partie – ont raté la compartición du Congrès national
indigène (CNI), elle-même perturbée par le climat capricieux qui
règne ce jour-là dans cet endroit d’ordinaire baigné de soleil.
Il m’est donc impossible d’en dire quoi que ce soit, même si
j’imagine qu’elle fut, dans l’ensemble, similaire à celle de
Xochicuautla, les délégués du CNI participant à toute la caravane
du Festival.
La communauté de
Monclova, rattachée à la municipalité de Candelaria, n’est pas
une communauté autonome, mais elle n’en reste pas moins un îlot
de résistance. Les Mayas qui y vivent luttent depuis plusieurs
années contre les tarifs exorbitants de l’électricité et la
petite communauté se trouve être aujourd’hui l’un des hauts
lieux du piratage des lignes électriques du pays. Dans ce combat
social qui leur a fait tisser des liens avec les autres luttes
indigènes du Mexique, les rebelles de Monclova ont connu la
répression, la violence et comptent plusieurs prisonniers
politiques. Ce n’est donc pas n’importe où que nous posons, à
notre tour, nos sacs et nos duvets pour participer à cette seconde
session de comparticiónes de ce premier Festival mondial des
résistances et des rébellions contre le capitalisme.
Le lendemain de notre
arrivée, lundi 29 décembre 2014, nous assistons aux comparticiónes
des invités du CNI, de la Sexta nationale et de la Sexta
internationale. En raison de la pluie, qui refuse de s’arrêter,
les échanges se déroulent sous le chapiteau d’un cirque, installé
ici pour quelques jours et dont les organisateurs ont gentiement
accepté d’héberger nos discussions. Les interventions des invités
du CNI et de la Sexta nationale sont globalement semblables, parfois
identiques, à celles tenues à Xochicuautla ; la terre,
l’autonomie politique et sociale, la répression, l’affirmation
de la nécessaire marginalisation des partis politiques ont été
parmi les thèmes les plus évoqués – et que j’ai davantage
relatés dans la correspondance précédente. En revanche, en ce qui
concerne les prises de parole de la Sexta internationale, la
différence par rapport à la première compartición est
sensible : cette fois, les interventions sont nombreuses –
plus d’une vingtaine – et la diversité géographique est réelle.
La France et l’Italie sont les pays les plus représentés, suivis
du Brésil et des États-Unis. La teneur des interventions reste
néanmoins sensiblement la même : la lutte contre les grands
projets inutiles, l’affolante montée de l’extrême droite, la
destruction des droits des travailleurs, les occupations de terres et
de logements, la corruption des appareils étatiques, la violence
répressive (en cela l’intervention de camarades en provenance de
Ferguson est édifiante), la nécessité du développement des
réseaux de contre-information, etc. La colonisation israélienne et
la résistance que lui opposent les Palestiniens ont également été
évoquées, de même que la dure réalité du quotidien des
Philippins, achevant de donner à la compartición
de Monclova une dimension réellement internationale. De voir ainsi
des connexions s’établir entre les luttes d’endroits si
différents, si éloignés les uns des autres, ancrées dans des
réalités si diverses, est particulièrement enthousiasmant. Et
donne tout son sens à l’existence de la Sexta internationale.
Petit bout de ciel bleu après la pluie...
Loin
d’être rébarbatives ou ennuyeuses, les ressemblances flagrantes
qui existent entre les luttes et qui se manifestent dans les prises
de parole ne font que renforcer l’expression d’un besoin urgent
de convergence sociale et politique. Une convergence à construire à
partir de ces similitudes, mais aussi, et surtout, à partir de nos
différences : notre diversité culturelle, géographique et
politique doit pouvoir être cette force capable de sortir nos
résistances et nos rébellions du champ restreint dans lequel elles
s’inscrivent aujourd’hui, et ce, pour leur permettre d’embrasser
un mouvement mondial et cohérent d’insurrection contre le
capitalisme et les États. Néanmoins, soyons honnêtes, si ces
échanges sont réellement stimulants, il est tout de même difficile
de ne pas sortir épuisé de ces comparticiónes,
surtout pour ceux dont le castillan n’est pas la langue maternelle.
Et quand les interventions se suivent et se ressemblent, on ne peut
s’empêcher de sentir parfois pointer en soi un petit agacement.
Mais, au final, c’est un effort et un exercice intéressants. Les
zapatistes affirment depuis longtemps déjà qu’il est impératif
d’apprendre à écouter, sans quoi la construction du « nous »,
indispensable à l’émergence d’une lutte globale et collective,
est inenvisageable. Pour les peuples indigènes du Mexique, la parole
est sacrée, car centrale dans l’organisation de la vie sociale. Ne
pas faire l’effort de l’écouter, de l’accueillir, même
lorsqu’elle est répétitive, c’est, quelque part, mettre à mal
un fonctionnement collectif sain, basé sur la discussion, l’échange
entre tous et toutes.
La
nuit tombée, la compartición
de Monclova se clôt sur une nouvelle prise de parole de la
délégation des parents des disparus d’Ayotzinapa, qui se voient
remettre un cadeau, un tableau représentant la Vierge sur lequel est
écrit : « Même la Mère dit : Y en a assez ! »
Après cette intervention, toujours aussi émouvante et terrible,
place à la fête, sans laquelle, ici, au Mexique, malgré un
quotidien souvent effroyable, on ne conçoit pas la lutte. Un aspect
qui n’aurait pas manqué de plaire à l’anarchiste russe Emma
Goldman, qui écrivait : « Si je ne peux pas danser, je ne
veux pas être dans votre révolution. »
Guillaume
Monclova, 29 décembre
2014
Hertzainak - Pakean Utzi Arte
(Guerre à l'État… jusqu'à ce qu'on nous foute la paix)
Le lundi 22 décembre
2014, à 10 heures, la première compartición du Festival
mondial des résistances et des rébellions contre le capitalisme s’est ouverte, et ce dans deux endroits distincts du Mexique :
dans la communauté San Francisco Xochicuautla (État de Mexico) et
dans celle d’Amilcingo (État de Morelos). Les délégués avaient
le choix de se rendre dans l’une ou l’autre, et j’ai, pour
ma part, choisi de rester dans les montagnes boisées de
Xochicuautla. Avant l’ouverture des
prises de parole, les organisateurs du Festival nous informent que
les photos et les vidéos sont strictement interdites lors des interventions,
seuls les enregistrements audio étant autorisés – une question de
sécurité, sans doute, mais aussi une façon d’éviter les
dérangements qu’occasionnent inévitablement les photographes et
les vidéastes en pleine action. En outre, privés d’appareils photos, les délégués sont dès lors tout disposés à écouter et à participer...
La parole indigène
En toute logique, ce sont
les délégués du Congrès national indigène (CNI) qui sont invités
à prendre la parole en premier, pour expliquer leurs combats et
partager leur digne rage. Et c’est à la société civile Las
Abejas (les « abeilles »), en provenance d’Acteal (État
du Chiapas), que revient la première intervention. Pour cette
petite organisation tzotzile pacifique et catholique, proche des
zapatistes sans pour autant les avoir rejoints, la date du 22
décembre est celle d’un triste anniversaire : il y a tout juste dix-sept ans, jour pour jour, des paramilitaires
hostiles à l’autonomie indigène et proches du pouvoir faisaient
irruption dans l’église d’Acteal et tuaient quarante-cinq
indigènes de la société civile Las Abejas, sanctionnant ainsi les
liens solidaires qu’elle entretenait avec l’Armée zapatiste de
libération nationale (EZLN). L’armée fédérale, qui stationnait
à quelque deux cents mètres de là, n’intervint pas, laissant les
paramilitaires commettre en toute liberté leur sinistre forfait. Et
pour cause : cette expédition punitive s’inscrivait alors
dans la stratégie de contre-insurrection que l’État mexicain
mettait en œuvre pour écraser la rébellion zapatiste et ses
soutiens. En rappelant ce massacre – qui fait inévitablement écho
au crime d’Ayotzinapa –, les deux délégués de Las Abejas
présents au Festival pointent aussi, à nouveau, la
responsabilité impunie des autorités, « cette mafia
politique qui nous détruit » quotidiennement. Et ce douloureux rappel donne d’emblée le ton du Festival, rappelant qu’ici comme ailleurs la lutte
contre les dominants ne se fait jamais sans souffrance.
La compartición
du CNI dure près de trois heures, de nombreux délégués prenant
la parole, parfois pendant fort longtemps – tels les Yaquis du
Sonora –, la durée des interventions n’étant ce jour-là pas
limitée. Il serait un peu fastidieux ici de les évoquer une à une,
et je me contenterai donc de faire une synthèse globale, mais
forcément incomplète, de ce qui revint régulièrement et semblait
être partagé par tous. Synthèse à laquelle j’ajouterai des
remarques, qui n’engagent que moi, fruits des réflexions que ces
interventions ont pu susciter.
La question de la terre est, bien sûr, au cœur de toutes les interventions, la
cosmogonie indigène y puisant ses racines les plus anciennes. Autour
d’elle s’articulent et se rejoignent deux combats primordiaux :
celui pour la possession de la terre (principal moyen de subsistance
de la plupart des communautés) et celui pour sa protection, pour sa
défense, afin de « préserver l’équilibre de la
planète ». Le constat a d’ailleurs été unanime :
pour les communautés indigènes – et, au-delà, pour tout un
chacun vivant sur cette planète –, la question de la terre est une
question à la fois sociale, écologique et culturelle (même, ici,
spirituelle). Et face à un capitalisme ravageur, qui détruit les
forêts, éventre les montagnes, détourne et assèche les fleuves,
ce combat pour la terre se doit d’être au cœur du mouvement
anticapitaliste, qui ne peut s’en désintéresser sans condamner
d’emblée le projet de société révolutionnaire qu’il porte en
lui-même.
Toutefois, le combat
pour la terre ne peut se suffire à lui seul, et il est
enthousiasmant de voir que, dans la plupart des cas, il finit par ne
devenir qu’un aspect, certes primordial, d’une lutte plus
globale pour l’autonomie, entendue comme projet de société
émancipateur, respectueux et garant de la liberté des peuples.
L’émergence de cette exigence d’autonomie provient souvent des
luttes elles-mêmes, de la façon dont elles s’auto-organisent, à
la base, s’exprimant dès lors en dehors des voies
institutionnelles, souvent souillées par le pouvoir et la corruption
et entretenant la dépendance des communautés à l’égard des
autorités municipales, étatiques et fédérales.
Liberté pour les défenseurs de l'eau et de la vie de Tlanixco.
Mais la question
indigène, au Mexique, n’est pas seulement « rurale »,
elle est aussi urbaine. Les villes, y compris le District fédéral
(DF), comptent en leur sein de nombreuses communautés indigènes,
notamment du fait des migrations, qu’il serait criminel d’oublier
sous prétexte qu’elles n’évoluent pas dans les campagnes. En
cela, l’intervention d’une organisation en résistance des
communautés indigènes du DF fut particulièrement intéressante.
Elle a dénoncé le tourisme prédateur qui s’empare, depuis
quelques années maintenant, de la capitale du Mexique, et en
particulier de son centre historique. Pendant que les grandes
enseignes internationales s’y installent (McDonald’s, Burger
King, Starbucks, Zara, etc.), nombre d’indigènes pauvres sont sans
cesse repoussés toujours plus loin à la périphérie de la ville
et, oubliés de tous, s’enfoncent dans la misère la plus dure. La vente
ambulante, principal et terrible moyen de subsistance, est de plus en
plus réprimée par les polices qui, fortes d’un arsenal létal,
envahissent littéralement les rues du centre historique. La ville
favorisant l’anonymat et l’individualisme, on peut comprendre les
difficultés qu'affrontent ceux qui, refusant de céder au
désespoir et à la résignation, s’efforcent d’organiser la
résistance autour de ces questions-là. Et, en cela, l’œuvre de
cette organisation est admirable et exemplaire et devrait pouvoir
nourrir les luttes que nous menons, en France, contre les dynamiques
similaires qui sévissent dans nos villes.
La répression et la violence reviennent également régulièrement dans les interventions. On ne compte plus, aujourd’hui au
Mexique, les morts, les disparus, les torturés dans les rangs des
militants. Les autorités ont d’ailleurs moins recours aux voies
légales qu’à la peur, qu’elles s’efforcent d’introduire au
sein des communautés et des esprits rebelles. La disparition des
étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa en est
l’exemple criant le plus récent, mais il n’en est qu’un parmi
tant d’autres et la colère qu’il suscite n’est jamais que
l’expression de la goutte d’eau qui fait déborder le vase, comme
on dit sous les latitudes hexagonales. De fait, face à cette peur
qui s’insinue un peu partout dans le pays, la nécessité de ne pas
rester seul, de briser l’isolement et la marginalisation, se fait
urgente. Et c’est là la raison d’être du CNI et de la Sexta
nationale et internationale, qui sont autant d’espaces d’autonomie
au service du dialogue et de la convergence des luttes.
La parole des
rébellions internationales
La compartición
du CNI terminée, les délégués de la Sexta internationale sont
invités à prendre la parole, en leur nom ou en celui de leur
organisation, collectif, groupe. Malheureusement, cette
participation, pourtant à mon avis très importante, est assez
limitée, seulement six délégués prenant la parole : la ZAD
de Notre-Dame-des-Landes (France), des collectifs canadiens de lutte
contre les projets miniers et pour la régularisation des
sans-papiers, la Fédération anarchiste de France, le réseau
d’information et de correspondance francophone la Voie du jaguar,
un collectif de Buenos Aires et un camarade italien.
La Sexta française est donc plutôt bien représentée (trois interventions sur six).
La délégation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes fait une belle
prise de parole, présentant la lutte contre l’aéroport, laquelle
fait écho, ici au Mexique, à des combats similaires, notamment à
celui, victorieux, d’Atenco. Pour la Fédération anarchiste, dont
je suis le délégué, je me contente, pour ce premier
contact direct, de présenter rapidement l’organisation et nos
luttes du moment, tout en exprimant l’importance des rébellions
autonomes indigènes du Mexique dans l’élaboration de notre pensée
politique et de nos pratiques (je mettrai prochainement en ligne le
texte, rédigé le matin même après avoir compris que les
délégations étrangères allaient être invitées à participer, lu
pour l’occasion). Le camarade de la Voie du jaguar, quant à lui,
relate l’expérience de la Petite École buissonnière, une
caravane partie cet été sur les routes du sud de la France pour
parler des luttes indigènes du Mexique, notamment des zapatistes. Il évoque également la cantine populaire des Pyrénées, squat du
XXe arrondissement parisien expulsé, en août de cette
année, par la mairie, après un an et demi d’activité alternative
par et pour les précaires de la capitale.
Une participation au
Festival d’au moins vingt-cinq pays différents avait été
annoncée par le sous-commandant insurgé Moisés dans le communiqué
de l’EZLN en date du 19 décembre 2014. On est donc en droit,
aujourd’hui, de regretter le faible taux de participation orale de
la Sexta internationale lors de ce premier échange (à moins que la majorité ne se soit faite à Amilcingo), car ce Festival se
voulait être, dès l’origine, un espace de partage des expériences
de lutte entre les différentes rébellions qui secouent actuellement
le capitalisme planétaire. Gageons que nous serons davantage, à
Campeche, dans la communauté de Monclova, à prendre la parole.
Autrement, la portée politique de ce premier Festival mondial des
résistances et des rébellions contre le capitalisme pourrait être
quelque peu réduite. Il est rare de pouvoir bénéficier de tels
espaces de dialogue, alors investissons celui-ci ! En nous
invitant, le CNI et l’EZLN n’attendaient rien d’autre de notre
part qu’une participation aux échanges. Alors, au micro,
camarades !
Vue depuis San Francisco Xochicuautla.
La parole d’un autre
Mexique
Les comparticiónes
du CNI et de la Sexta internationale s’étant étalées sur toute
la journée, celle de la Sexta nationale est reportée au lendemain,
mardi 23 décembre 2014. Contrairement à la Sexta internationale,
les interventions sont cette fois-ci très nombreuses. Souvent
pertinentes, elles nous donnent à voir les luttes d’un Mexique
urbain et prolétaire. Complémentaires de celles du CNI,
essentiellement porteur des combats indigènes d’un Mexique rural,
ces prises de parole nous permettent, à nous délégués étrangers,
de saisir une bonne partie de la réalité de ce pays si hétérogène.
L’ouverture de cette
troisième compartición se fait sur un ton lourd et grave,
les parents des étudiants disparus d’Ayotzinapa s’exprimant en
premier. Pour eux, comme je le relatais dans la première
correspondance, les disparus sont toujours bien vivants. Et si le
gouvernement s’entête à les déclarer morts, sans pour autant en
avoir la moindre preuve tangible (excepté pour l’un d’eux),
c’est pour mieux passer à autre chose, faire oublier au pays ce
drame qui le déstabilise comme rarement. N’entreprenant rien de
sérieux pour les retrouver, il préfère dépenser son énergie à
essayer de calmer les colères légitimes. Il serait même allé
jusqu’à proposer de l’argent à certaines familles de disparus
pour qu’elles ne soient plus debout dans la lutte... Le spectre des
élections législatives de 2015 angoisse sans doute ce gouvernement,
qui pourrait y perdre gros si la colère ne désemplit pas. Les parents, dont les interventions ont
arraché des larmes à bien des délégués, ont tenu à rappeler que
ces élèves, tous fils de paysans pauvres, avaient intégré cette
école pour pouvoir ensuite se mettre au service de leur peuple, de
leur communauté. Ainsi cet enfant d’une quinzaine d’années qui
nous a expliqué que son frère aîné, aujourd’hui porté disparu,
avait rejoint l’école normale rurale d’Ayotzinapa pour y
apprendre à enseigner l’espagnol afin de pouvoir ensuite donner
des cours aux membres de sa communauté que la non-maîtrise du
castillan handicape parfois lourdement.
D’autres interventions sont particulièrement graves, comme celle du Front populaire
Ricardo Flores Magón, du
Chiapas, qui a dû aller jusqu’à l’immolation publique pour
obtenir la libération, le 4 décembre dernier, d’un de ses
membres, incarcéré après avoir été victime de fausses
accusations fabriquées de toutes pièces par les autorités.
En
dehors de la seule répression, effroyable dans ce pays, les délégués
de la Sexta nationale ont aussi évoqué certains des problèmes les
plus graves rencontrés en milieu urbain. Ainsi de la spéculation
immobilière, qui sévit notamment au DF et qui engendre une flambée
tous azimuts des prix des logements, repoussant les pauvres toujours
plus loin dans des habitations indécentes, quand ce n’est pas sur les trottoirs, à la merci des matraques des flics. Ainsi, aussi, des
transports en commun, dont le développement ne répond jamais qu’à
l’intérêt capitaliste, en l’occurrence celui de conduire le
plus vite possible les travailleurs à leur lieu de travail,
délaissant les autres itinéraires (liés aux loisirs, à la
culture, etc.). La plupart de ces interventions insistent également sur
l’urgence de s’organiser, en tant que travailleurs pauvres, pour
se battre contre la privatisation galopante de l’espace public. Se réapproprier les quartiers, impulser des assemblées
populaires, voilà quelques pistes qui sont données pour construire par nous-mêmes une ville nouvelle, et sortir des logiques capitalistes et de contrôle social.
Les interventions de la Sexta nationale ont donc été particulièrement riches, et très parlantes, surtout pour ceux qui, comme moi, évoluent dans des milieux essentiellement urbains. Il est d'ailleurs assez frappant de voir comment, toute proportion gardée, les mêmes logiques d’exclusion sont à l’œuvre d’un pays à l’autre. Les similitudes qui existent entre ces oppressions devraient maintenant nous faire réfléchir sur les façons dont nous pourrions faire converger les résistances que nous leur opposons.
Rendez-vous
à Campeche
Le
mardi 23 décembre 2014, une fois le soleil tombé sur les montagnes de Xochicuautla, la première compartición
du Festival mondial des résistances et des rébellions prendfin, après trois journées d'échanges. Rendez-vous est donné au DF, pour les 24, 25 et 26 décembre, dans les
terres du Front populaire Francisco Villa indépendant (FPFVI) pour
assister au « festival culturel ». Quant à la seconde
compartición,
elle aura lieu à quelque vingt heures de route d’ici, dans l’État
de Campeche, au sein de la communauté de Monclova. Les
billets sont pris auprès des transports du Festival. La caravane
continue...
Le coup d’envoi du
Festival mondial des résistances et des rébellions contre le
capitalisme a eu lieu le 21 décembre 2014 au sein de la communauté
San Francisco Xochicuautla, dans l’État de Mexico. Rattachée à
la municipalité de Lerma, cette petite communauté indigène Ñahtó
est située dans les montagnes, à environ 2 500 mètres d’altitude,
à quelques dizaines de kilomètres du Nevado de Toluca (qu’ici on
appelle aussi Xinantécatl),
volcan massif qui culmine à 4 680 mètres. Le paysage y est donc
magnifique, si l’on parvient toutefois à faire abstraction de la
vaste étendue de béton qu’est la ville de Toluca, capitale de
l’État de Mexico. En ce mois de décembre, les températures sont
plutôt basses en journée – bien que parfois chaudes lorsque soleil
domine –, mais glaciales la nuit venue ; et, durant les trois
jours que nous passerons ici, plusieurs couches de vêtements ne
seront pas de trop.
Il n’était pas
évident, pour le Congrès national indigène (CNI) et l’Armée
zapatiste de libération nationale (EZLN), d’organiser ici
l’inauguration et la première compartición du Festival.
Car cette partie de l’État de Mexico est l’un des gros bastions
du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), actuellement au
pouvoir au Mexique, et certaines zones y sont aussi connues pour être
le terrain de jeu de groupes de narcotrafiquants. Pour le Festival,
s’implanter ici relevait donc à la fois du défi et d’un
important acte symbolique, et ce d’autant plus que l’actuel
président du Mexique, Enrique Peña
Nieto, y a son fief, à quelques dizaines de minutes à peine de
Xochicuautla : la municipalité d’Atlacomulco, dont il fut le
député PRI dès 2003.
Arrivée à la
communauté...
Après
avoir livré toute une bataille sur les routes de l’État de Mexico
– véritable labyrinthe où les indications sont rares –, nous
arrivons, vers 13 heures, à la communauté de Xochicuautla. Sur le
trajet, quelques kilomètres avant de parvenir à bon port, nous
avons pu voir de nos yeux l’avancée des travaux de l’autoroute
Toluca-Naucalpan contre laquelle se battent les Ñahtó de
Xochicuautla : de gros piliers de béton commencent déjà, ici
et là, à jaillir de la montagne, éventrant la forêt, bientôt
parés à soutenir l’énorme route.
Arrivés
à la communauté, nous sommes accueillis par le service de sécurité,
qui veille à ce que personne d’autres que les délégués du CNI
et de la Sexta n’entre dans l’enceinte du Festival – précaution
légitime, Xochicuautla faisant figure de petit village gaulois dans
cette zone terriblement priiste. Passé les contrôles, nous
descendons enfin de voiture et procédons à l’enregistrement de
notre présence pour obtenir le gafete
(badge qui nous identifiera comme délégué tout au long du
Festival). Un vaste chapiteau a été installé, au bord de la route,
pour accueillir les interventions et les échanges qui vont avoir
lieu pendant ces trois jours. Une grande banderole souhaite la
bienvenue à tous et à toutes et les murs de certaines maisons
arborent déjà de belles fresques, lesquelles, pour la plupart
peintes la veille, mettent en scène des symboles de la résistance
indigène. Un coin cuisine a été installé et, déjà, les
« marmites » mijotent à côté des casseroles pleines de
café. A l’entrée du chapiteau, comme pour rappeler que nous ne
sommes pas ici au Club Med, un panneau invite les délégués à ne
surtout pas sortir de l’enceinte du festival et à contacter le
service de sécurité si nous apercevons certains des hommes et des
femmes dont les photos sont affichées – et qui ne sont autres que
des flics ou des agents du PRI.
L’accueil du Conseil
suprême indigène
Vers
14 heures, tous les délégués sont appelés à se réunir sous le
chapiteau pour la cérémonie d’ouverture du festival. Nous
accueillons d’abord une délégation de parents d’étudiants
disparus d’Ayotzinapa, moment fort intense et particulièrement
grave, la réalité de ce crime d’État cessant soudain d’être
de simples articles de journaux pour prendre chair dans ces corps
marqués par la douleur. S’ensuit une petite procession, baignée
dans l’encens et rythmée par une musique semblant jaillir de temps
anciens, qui marque l’arrivée, sous le chapiteau, du Conseil
suprême indigène autonome de San Francisco Xochicuautla – nos
hôtes, donc.
L’un
des membres du conseil prend ensuite la parole pour nous souhaiter la
bienvenue dans la communauté et saluer tous ces délégués venus
d’horizons, d’États, de pays, de luttes, de cultures si variés.
Bien sûr, la question du respect de la terre est au cœur de ce
discours, et le Conseil suprême indigène insiste sur l’importance
aujourd’hui de se battre pour préserver la nature face à
l’avidité des entreprises capitalistes qui, pour accumuler
toujours plus de capital, sont prêtes à détruire l’équilibre de
la planète, avec la complicité des Etats. Il salue ainsi les
peuples, les organisations, les collectifs, les individus qui,
partout dans le monde, luttent, avec courage, pour « défendre
la vie » contre
les gouvernements assassins et corrompus. Pour le Conseil suprême de
Xochicuautla, c’est rien moins que le futur de la planète et de
nos générations qui se joue en partie au sein de ce premier
Festival mondial des résistances, qui doit nous permettre de
franchir une nouvelle étape dans le combat anticapitaliste :
celle de la mise en lien des rébellions et des luttes, à l’échelle
internationale, pour rompre l’isolement.
Après
l’intervention du Conseil suprême et celle de la communauté San
Lorenzo Huitzizilapan (municipalité de Lerma) – qui se bat, elle
aussi, contre le projet d’autoroute Toluca-Naucalpan –, les
compañeros
de San
Sebastián Bachajón
(Chiapas) prennent la parole pour exiger la libération immédiate de
trois de leurs frères de lutte, actuellement incarcérés et
torturés, et pour nous annoncer une bonne nouvelle, à savoir la
récupération de plusieurs terres, la veille. Une belle façon de
clôturer cette inauguration et cette première journée du Festival
mondial des résistances et des rébellions contre le capitalisme,
avant d’entamer, le lendemain, l’essentiel : la compartición
du CNI et de la Sexta.
Sur
le zócalo,
cœur du centre historique de la Ville de Mexico, la mairie a fait installer une
vaste patinoire et un énorme cube arborant sur chacune de
ses faces un immense sapin noir. C’est moche, assurément. Et la
patinoire dénote sérieusement avec le climat du moment : 25
degrés et un soleil qui, parfois, tape dur. Tout cela, bien sûr, est là pour
célébrer la Noël. Les fêtes, coûte que coûte. « La
Terre peut s’arrêter de tourner, ils ne rateront pas leur
réveillon »,
disait, jadis, Renaud, dans une de ses chansons particulièrement
incisives. Pourtant, ici, cette démesure spectaculaire ne parvient pas
tout à fait à faire oublier la conflictualité sociale qui embrase
le Mexique depuis quelques mois. Un peu partout autour de la grande
place, des tags rappellent aux badauds venus d’ailleurs la guerre
sociale qui fait rage : « Presos,
libertad ! »
(« Prisonniers, liberté ! ») peut-on lire un peu
partout, accompagnés de A cerclés bombés à la va-vite et
d’inscriptions relatives à la mort des quarante-trois étudiants
d’Ayotzinapa : « Nos
faltan 43 »
(« Il nous en manque 43 »), « Queremos
los 43 » (« Nous
voulons les 43 »), etc. Ces tags ne sont pas innocents, et ils ne
sont pas non plus l’expression d’un art de rue que la Culture
voudrait vider de toute subversion. Ils ne sont pas non plus bombés sur des
murs à eux dédiés ou des panneaux d’affichage libre. Non, ils
ont été réalisés tout autour du zócalo,
cette place éminemment symbolique, siège du pouvoir politique et
religieux du pays : à l’est, on y trouve le palais national,
siège de la présidence de la Fédération du Mexique ; au nord
trône la cathédrale métropolitaine, vaste édifice érigé à la
gloire de l’Église catholique, et, au sud, le palais de l’hôtel de ville.
Les tags, au-delà de leurs revendications, prennent alors des
allures de menaces, de mises en garde faites par ceux qui refusent de vivre comme des esclaves à l’encontre de cette
classe politique véreuse et parasite.
C’est laid à souhait, et c’est la Ville qui célèbre la Noël, comme si de rien n’était.
De
fait, c’est dans un climat social bien particulier que les
Mexicains célébreront la Noël cette année. La disparition des
quarante-trois étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa
a profondément marqué la société mexicaine. Venus manifester à
Iguala, le 26 septembre 2014, contre la réforme de l’éducation
imposée par le gouvernement, ces étudiants ont été
attaqués par la police municipale (six morts au total dans la journée), puis kidnappés et livrés aux
narcotrafiquants des Guerreros Unidos. Toujours sans nouvelles depuis, le gouvernement et les quelques narcos arrêtés prétendent que les étudiants ont été tués et brûlés
sur un bûcher plusieurs heures durant. Toujours est-il que les nombreux corps découverts dans les différents charniers mis au jour récemment ne sont pas, d’après les analyses ADN, ceux des disparus (excepté pour l’un d’eux) ; alors, pour les parents, l’espoir est toujours de mise. Quoi qu’il en soit, avec cette répression violente de la manifestation des étudiants d’Ayotzinapa, les liens
ténus et structurels entre l’État et le narcotrafic – déjà
largement connus – ont à nouveau éclaté au grand jour, malgré
toutes les tentatives des autorités pour, dans un premier temps, les
étouffer (elles iront jusqu’à dire que les victimes étaient
elles aussi des narcotrafiquants). Mais, cette fois-ci, l’État
mexicain est acculé, particulièrement fragilisé et déstabilisé :
des explosions de colère ont embrasé le pays tout entier, sous la
forme de manifestations monstres et d’actions légitimement
violentes contre les édifices du pouvoir. Le siège du gouvernement
du Guerrero – État dans lequel se trouvent les municipalités
d’Ayotzinapa et d’Iguala – a été en grande partie brûlé par
les manifestants, nombre d’écoles de la région ont été occupées
par les étudiants et les parents d’élèves, à Mexico le quartier
des affaires a récemment été saccagé (notamment un local du PRI, le parti de l'actuel président, Enrique Peña Nieto). Les autorités ont beau
s’amuser à sanctionner des flics et des élus (notamment le maire
d’Iguala et son épouse, à l’origine du kidnapping des
étudiants), la colère ne désemplit pas, et les rues non plus.
Ville de Mexico, zócalo, le 20 décembre 2014.
De la réponse populaire et sociale
à ce crime d’État pourrait donc naître de l’espoir. Et, pour bien des Mexicains, militants du
mouvement social ou non, il ne s’agit pas, cette fois, de faire
comme si de rien n’était et de laisser ce crime politique se transformer en
simple fait divers sanglant, de ceux dont raffolent tant les médias
du pays. « Si on touche à l’un de nous, on touche à nous
tous », disaient autrefois les syndicalistes
révolutionnaires des Industrial Workers of the World (IWW) aux États-Unis. Aujourd’hui,
le Mexique d’en bas montre à ses dirigeants, à ses dominants,
qu’en s’en prenant aussi cruellement à ces quarante-trois jeunes ils ont endeuillé des
millions de Mexicains, tous ceux qui, quotidiennement, sont exploités
par un système économique toujours plus délirant et écrasés sous
le poids de la violence d’État. Mais ce deuil ne se pare pas
seulement de noir et n’habite pas uniquement les cimetières (d’autant que la mort de tous les étudiants n’est toujours pas prouvée) :
il arbore drapeaux et banderoles, cagoules et foulards et envahit les
rues du pays. C’est un deuil enragé, dignement enragé, un deuil
rempli de vie, de volonté et, semble-t-il, d’espoir. Dans un sens, le
Festival mondial des résistances et des rébellions contre le
capitalisme, organisé par l’Armée zapatiste de libération
nationale (EZLN) et le Congrès national indigène (CNI), arrive à point nommé. Et, comme le Mexique dans son ensemble, il sera hanté par les fantômes des étudiants d’Ayotzinapa
victimes de la barbarie étatique. Il accueillera la rage de tout un
pays, voire de toute une planète, des milliers de militants venant
d’un peu partout, épris de justice sociale et de liberté, étant
attendus dans ce cadre, du 21 décembre 2014 au 3 janvier 2015. Il est
encore trop tôt pour dire quoi que ce soit, mais cette vaste
rencontre, qui voyagera à travers le Mexique insurgé pendant une
dizaine de jours, pourrait peut-être donner corps, pendant un temps
du moins, à une rage révolutionnaire. Et jeter les bases d’un
réseau de luttes anticapitalistes et anti-autoritaires à dimension
internationale. Demain, dimanche 21 décembre 2014, nous inaugurerons ce festival au sein de la communauté San Francisco Xochicuautla, laquelle s’affronte actuellement à l’État pour protester contre la construction d'une autoroute. Et qui, pour avoir ainsi refusé de vivre à genoux, a été violemment attaquée par les forces gouvernementales le 3 novembre dernier.
Au Congrès national indigène À la Sexta nationale et internationale
Compas,
Recevez notre salut. Nous vous écrivons pour vous donner un aperçu de
l’avancée des inscriptions de participants au Premier Festival mondial
des résistance et des rébellions contre le capitalisme « Là où ceux d’en
haut détruisent, nous, ceux d’en bas, reconstruisons ».
1. Peuples originaires du Mexique. Ont confirmé leur
participation des représentants d’organisations, des autorités
traditionnelles et des personnes des peuples originaires suivants :
2. De la Sexta au Mexique : individus, collectifs, groupes, organisations des trente-deux entités fédérales.
3. De la Sexta internationale : individus, collectifs, groupes, organisations des pays suivants :
Mexique
Allemagne
Argentine
Australie
Belgique
Brésil
Canada
Chili
Colombie
Corée du Sud
Danemark
Équateur
État espagnol
États-Unis
France
Grèce
Guatemala
Honduras
Angleterre
Iran
Italie
Norvège
Pays basque
Russie
Suisse
Tunisie
4. Nous vous rappelons que la grande inauguration a
lieu le dimanche 21 décembre 2014 dans la communauté ñathó San Francisco
Xochicuautla, municipalité de Lerma, État de Mexico, Mexique, à 14
heures.
Les comparticiones (partages, échanges) auront lieu à San
Francisco Xochicuautla et à Amilcingo, municipalité de Temoac, Morelos,
les 22 et 23 décembre 2014.
Les 24, 25 et 26 décembre au District fédéral, un grand festival
culturel sera organisé au Lienzo Charro, Cabeza de Juárez, 50, avenue
Guelatao, Colonia Álvaro Obregón, Délégation Iztapalapa, Mexico DF.
Les comparticiones continueront les 28 et 29 décembre 2014 à Monclova, municipalité de Candelaria, Campeche, Mexique.
Les 31 décembre 2014 et 1er janvier 2015 aura lieu la fête
de la résistance et de la rébellion anticapitaliste dans le caracol
d’Oventik, Chiapas, où nous aurons l’honneur de vous recevoir tou•te•s, toutes et tous.
Les 2 et 3 janvier 2015 se réalisera la plénière des conclusions,
accords et déclarations au Cideci, San Cristóbal de Las Casas, Chiapas,
Mexique.
Le 3 janvier 2015 se fera la clôture de ce festival au Cideci, San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, Mexique.
Pour l’enregistrement des délégués par invitation, le courriel est catedratatajuan@gmail.com. Pour participer au festival cultural, l’enregistrement se fait par le courriel comparticioncultural@gmail.com.
5. Les invités d’honneur, les proches et les compañeros
de ceux d’Ayotzinapa qui nous manquent à tous et à toutes, nous ont
fait savoir qu’ils participeraient bien. Ainsi nous aurons tous et
toutes l’opportunité de les écouter.
6. Finalement nous vous avisons que nos délégués
sont déjà prêts pour participer en écoutant attentivement et
respectueusement. Nous allons à visage découvert pour qu’ils ne nous
identifient pas. Ou, mieux dit, pour qu’ils nous identifient comme un
de plus entre nos compañeros, compañeras et compañeroas de la Sexta.
Voilà tout.
Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain.
Sous-commandant insurgé Moisés Mexique, décembre 2014 Année 20 de la guerre contre l’oubli